Le cerveau du scandale de sonatrach
Et si le PDG de Sonatrach mis sous contrôle judiciaire, Mohamed Meziane, était l’arbre qui cache la forêt ? D’après de hauts cadres du groupe et des sources proches du dossier, le vrai big boss du groupe serait en réalité Mohammed Rédha Hemch, ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach et… neveu de Chakib Khelil. Pourtant, cet homme de l’ombre, que l’on dit originaire de Hennaya (Tlemcen), et qui sème la terreur au point que les cadres que nous avons contactés ont brutalement refusé de dire quoi que ce soit à l’évocation de son nom, n’habite plus Alger depuis un moment. Sa nouvelle résidence : Montreux, en Suisse. Officiellement, il s’agit d’une mise en retraite doublée d’un parachute doré de 8 millions de dinars en tant qu’allocation de fin de carrière – somme habituellement réservée à de très anciens cadres du groupe – et d’un placard doré puisqu’il aurait été envoyé dans la filiale Sonatrach International Holding Corporation filiale (Samco) à Lugano. Officieusement, le ministre de l’Energie aurait voulu mettre son protégé à l’abri des éventuelles retombées des malversations dans lesquelles il aurait trempé à l’époque où il était dir’ cab’.
Il faut dire que le CV de cet ancien agent contractuel de l’ambassade d’Algérie à Paris , revenu en poste à Alger, est un peu chargé. Comptable à l’ambassade de Berlin de 1984 à 1987, régisseur à l’ambassade de Bruxelles, consul adjoint à Istanbul, c’est à Bordeaux, où il occupe également le poste de vice-consul, qu’il met un terme à sa carrière diplomatique. Arrêté par la police française à Marseille en 1997 en possession de deux voitures volées, il n’aurait passé que quelques jours en prison grâce à une intervention diplomatique. Les Affaires étrangères ne pouvant garder un tel élément dans son giron, il se serait mis quelque temps au vert, occupé par du business entre Alger, Tlemcen et Oran, avant d’être ramené par Chakib Khelil à la Sonatrach en 2001. Une personnalité comme celle de Hemch déchaîne évidemment les rumeurs sur son train de vie.
Selon les interlocuteurs, il aurait bénéficié d’un appartement dans la tour Chabani, touché 150 000 DA de salaire mensuel à Sonatrach, dépensé jusqu’à 8 millions d’euros en thalasso, hôtels et restos avec Khelil et Meziane entre la France, Genève et les USA, signé une convention avec une clinique suisse pour tous les hauts cadres de Sonatrach, etc. D’autres sources citent précisément les 4 milliards versés par Sonatrach par son intermédiaire pour l’achèvement des tours BRC et les 73 milliards de dinars distribués aux associations fidèles au Président, quand il était chargé du sponsoring à Sonatrach (un département qui n’existe pas dans l’organigramme). Toujours selon les rumeurs, l’implantation des sociétés turques en Algérie devraient beaucoup à sa seconde femme, turque (la première était française). Seule certitude : son nom figure dans les dossiers transmis au juge d’instruction. Reste à savoir, qui, cette fois, le protègera de la justice.